Interview de Stéphane DRILHON (ISTEC 1994), Directeur Marketing Playmobil France
Stéphane, quel est ton parcours professionnel et ton métier actuel ?
J’ai commencé ma carrière professionnelle comme chef de secteur chez Panzani William Saurin, poste que j’ai occupé pendant 3 ans. Ensuite, j’ai géré la formation des commerciaux, puis le merchandsing, le Trade Marketing et enfin le Category Management.
En 2004, un cabinet de recrutement m’a proposé de prendre en charge le Trade Marketing chez Playmobil France, poste que j’ai occupé jusqu’en 2007, date à laquelle j’ai pris la Direction Marketing. Manager de 15 personnes et membre du Comité de Direction, je suis de plus en plus amené à travailler sur des projets internationaux avec le groupe dont le siège est situé à Nuremberg en Allemagne. L’entreprise est en croissance continue et maîtrisée depuis 20 ans.
Comment Playmobil agit pendant cette crise sanitaire ?
Comme beaucoup d’entreprises en France et au niveau mondial, Playmobil est confrontée de plein fouet à la crise liée au Coronavirus. Le point le plus marquant a été la soudaineté des décisions à prendre. Il a fallu dans un premier temps assurer la sécurité de nos collaborateurs. Nous avons très vite pris la décision de fermer notre siège français basé à Lisses (91), tout en organisant dans la mesure du possible le maximum de télétravail.
Nous avions déjà mis en place le télétravail, à raison de 2 jours par mois, pour l’ensemble de nos cadres depuis 2 ans. C’est donc pour l’ensemble du personnel à présent (service clients, service consommateurs, comptabilité…) que nous avons dû adapter leurs ordinateurs (accès VPN et logiciel à distance) en moins de 24 heures. A ce jour, 98% du personnel peut travailler depuis son domicile. Bien évidemment, les connexions sont différentes en fonction de la qualité du réseau de chaque collaborateur. La patience est devenue pour certains un maître mot.
De plus, face à une telle crise et à la fermeture des très nombreux magasins de jouets notamment, l’activité a brutalement chuté. C’est pourquoi, nous avons avec chaque collaborateur, défini pour les semaines à venir la charge de travail. Ce qui nous a permis pour chacun de mettre en place un planning à la demi-journée entre différentes activités ; télétravail, congés et temps partiel. Cette agilité d’organisation devrait nous permettre de compter sur 100% des équipes lors de la fin du confinement, et pour certains de préparer la reprise d’activité.
Y a-t-il des innovations qui sont déployées et qui pourront être intéressantes à retenir pour l’avenir ?
Je ne parlerai pas d’innovations en tant que telles, mais de nouveaux modes de travail et de communication. Nous devons au quotidien faire preuve d’ingéniosité. Outre l’utilisation de logiciels de communication comme Skype, Whatsapp, Zoom, Teams…nous devons tous les jours nous adapter chacun car c’est toute l’organisation de l’entreprise qui a été ébranlée. Par exemple, nous sommes en clôture fiscale au 31 mars. Cela implique que toutes les factures continuent à être contresignées par les membres du CoDir via un système de signature électronique, que les provisions soient passées, que les fichiers communs soient échangés dans les timing liés à un bilan…
Comment gères-tu tes équipes, quel système as-tu mis en place ?
Dans une telle crise, la première chose à faire est de mettre à plat les dossiers en cours et de prioriser les sujets, pour ainsi définir les tâches de chacun. Ce travail étant fait, j’ai pu mettre en place une organisation collective et individuelle du service, en demandant à tous de la flexibilité et de l’agilité. En effet, il est aussi très important de tenir compte de l’aspect familial de chacun (notamment garde des enfants). J’ai mis en place un planning à la demi-journée pour permettre à chacun de gérer sa vie personnelle et professionnelle, en gardant des périodes communes entre nous pour faire des réunions à distance, et garder ainsi un lien d’équipe. J’ai expliqué que des urgences pourraient tomber et que chaque fin de semaine, je ferai le point précis sur le temps réel passé par chacun sur les grands dossiers. Et ce dans une volonté de transparence, entre le télétravail, le temps partiel et l’ajustement de congés.
Comment penses-tu que l’on peut obtenir l’adhésion et la motivation de ses équipes quand elles traversent une période compliquée comme un confinement ?
Sur ce sujet, le point essentiel doit être la transparence avec les équipes, mais également le lien à préserver entre nous. Cela passe pour moi par une grande disponibilité d’écoute et d’échange avec chacun. Cette période de confinement est anxiogène pour nous tous, et il est important de comprendre que chacun la vit de manière particulière dans des conditions différentes (âge des enfants, situation personnelle, style d’habitation…). Je ressens une très forte envie de mon équipe de vivre cela ensemble : garder le lien professionnel est aussi un exutoire du quotidien.
Il est important de garder une pression sur les objectifs personnels de chacun car c’est une source de motivation commune.
Je m’efforce de les informer de ce qui me paraît important mais aussi de partager avec eux mes interrogations quotidiennes sur des sujets et des décisions à prendre…C’est une façon de leur montrer que nous sommes tous dans la même galère.
Quels conseils donnerais-tu aux étudiants et aux jeunes diplômés pour réussir dans le monde professionnel en perpétuel changement ?
Agilité, flexibilité et transparence sont pour moi trois valeurs importantes à transmettre aux étudiants et jeunes diplômés. Le monde d'aujourd’hui va très vite et est en changement permanent. C’est une chance mais aussi une difficulté. Il est donc très important de ne jamais perdre de vue l’objectif tout en y apportant de la souplesse dans la tactique pour y arriver. Les tentations sont fortes de surfer sur telle ou telle tendance mais au final on perd de vue le cap de départ. C’est pourquoi, il est important d’être en harmonie avec ses choix professionnels et personnels pour garder une certaine constance et objectivité dans ses décisions. Souvent, je dis « Etre à la mode c’est être démodé ». Enfin, je terminerai par une maxime que mon premier manager m’a confiée : « Ecouter, comprendre pour anticiper ».
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