Comment Josselin MARTIN (ISTEC 2006), Directeur Général Genius, organise sa société pendant le confinement
Quel est votre parcours et votre métier actuel ?
A la fin de mon cursus à l’ISTEC, j’ai intégré en stage l’agence de communication événementielle, Idéactif, où je suis resté 5 ans. Ce fut une formidable aventure, très formatrice où j’ai pu accompagner de très bons annonceurs (Coca-Cola, Monoprix, Western Union, Red Bull) sur des grands événements sportifs (Tour de France, Red Bull Road Rage…) ou culturels (Eurockéennes de Belfort, Solidays, Francofolies, Paris Plage). J’ai d’ailleurs une pensée amicale pour tous les acteurs de l’événementiel : agences, freelance, prestataires qui subissent la crise de plein fouet, et ce depuis janvier déjà. Fin 2010, j’ai intégré l’agence de conseil en communication, New York, au poste de Directeur conseil. Mon objectif était de m’ouvrir à la communication globale et d’être plus en amont sur la stratégie. En 2012, j’ai rejoint en tant que directeur associé un studio créatif, Ledouze, avec comme principale mission de transformer ce studio en agence de communication. Une mission très intéressante et challengeante. Ledouze est ensuite devenu en 2016, Hungry and Foolish, une agence de publicité reconnue, forte de 40 collaborateurs. J’y occupais des fonctions de développement et de direction conseil (Kraft Heinz, Winamax, Bosch, Western Union, Pernod…).J’ai quitté Hungry and Foolish en octobre 2017, pour co-fonder avec un de mes associés, Genius, et en prendre la direction générale.
Genius un cabinet de placement d’experts en marketing,communication et digital que nous avons lancé en janvier 2018. En quelques mots, nous identifions, recrutons et formons des experts métiers. Nous les plaçons ensuite chez nos clients pour des missions qui durent en moyenne 10 mois. Aujourd’hui, Genius c’est 30 salariés et une quinzaine de clients grands comptes tels que BNP Paribas, Schneider Electric, L’Oréal ou encore Unilever.
Comment allez-vous alors que débute la 6ème semaine de confinement? Globalement, je vais très bien. Mes proches et moi-même sommes en bonne santé, et c’est le plus important.
Les premières semaines de confinement ont été « sportives » avec d’un côté la gestion et le pilotage de Genius, et de l’autre, la gestion de 2 enfants plein de vie (9 mois et 4 ans) ! Beaucoup de fatigue s’est accumulée mais j’imagine que nous sommes très nombreux dans ce cas, et que ce n’est finalement rien, par rapport aux personnels soignants qui sont en première ligne. Je suis d’ailleurs vraiment admiratif et très reconnaissant du travail qu’ils font dans des conditions difficiles.
Maintenant, en cette sixième semaine, je reste plus que jamais impliqué et combatif pour que l’ensemble des collaborateurs et Genius, subissent le moins de turbulences possibles. Enfin, j’essaie d’accorder plus de temps à mes enfants et à ma femme.
Bref, l’Homme s’adapte à toutes les situations, je crois donc qu’on prend le rythme. Même si clairement, nous avons hâte de reprendre une vie normale.
Comment Genius s’organise pendant cette crise sanitaire ? Quelles relations entretenez-vous avec les équipes ? A l’instar d’un grand nombre d’entreprises, j’ai dès le lundi précédant l’officialisation du confinement, demandé à l’ensemble des collaborateurs de travailler de chez eux. Depuis, nos bureaux sont fermés et moi-même je n’y suis pas retourné.
Nos toutes premières démarches ont ensuite été d’appeler chaque Genius pour les informer en toute transparence de la situation (ce que nous savions ou ne savions pas) et les rassurer sur la poursuite ou non de leur mission chez les clients. J’ai également personnellement contacté ces derniers pour faire le point sur la situation et les informer que chaque Genius, bien qu’en télétravail, restait mobilisé et en capacité technique pour travailler sur leur mission.
A partir de la deuxième semaine de confinement, nous avons mis en place des ‘Virtual coffee’ chaque mardi et vendredi, à 14h. Nous organisons ainsi sur Zoom, une visio de 20/25 minutes où chacun peut se connecter selon son emploi du temps et son envie. L’objectif est de garder du lien avec nos collaborateurs à travers des échanges informels. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir des enfants de collaborateurs intervenir de manière impromptue pendant ces visio, c’est très sympa.
Enfin, nous avons implémenté via notre outil RH, Lucca, une application simple qui nous permet de connaître l’humeur de nos Genius chaque jour (déclaratif). Pour le staff, cela permet de pouvoir réagir très rapidement s’il constate qu’un Genius est un peu moins bien. La situation personnelle de chacun étant bien entendu très disparate.
A ce jour mesurez-vous déjà l’impact financier d’une telle crise ? Au moment où l’on se parle, une grande majorité des missions se poursuit et c’est évidemment un grand soulagement pour Genius.
Plusieurs raisons à cela :
- Nous sommes sur des métiers où nos équipes peuvent télétravailler,
- Nous travaillons pour des clients grand comptes qui maintiennent l’activité et soutiennent les PME et TPE,
- Enfin, si les missions événementielles et publicitaires ont connu un gros coup d’arrêt, les projets digitaux et le social media se poursuivent voire se développent.
La question qui se pose porte dès lors davantage sur l’après. Même si la date de sortie est fixée au 11 mai, nous établissons plusieurs scenarii. Nous continuons ainsi d’échanger avec nos clients pour connaître leurs intentions sur les prolongements de mission ou non. Enfin, nous maintenons le contact avec les prospects avec qui nous avancions avant le confinement afin d’être prêts pour débuter de nouveaux projets.
Vous l’aurez compris, il est difficile à ce jour de faire des plans sur la comète mais je reste positif. Avec la date du 11 mai, l’horizon s’est quand même éclaircit.
Comment voyez-vous la suite au niveau de la société ? Si cette crise est difficile pour tout le monde, on constate néanmoins un formidable élan collectif et de solidarité, de la part des citoyens comme des entreprises françaises (grand groupe et PME/TP). Je pense notamment à celles qui se sont mises à fabriquer des masques ou au consortium Valéo, Air Liquide, PSA, Schneider Electric visant à produire des respirateurs.
Côté publicité, certaines prises de paroles d’annonceurs comme Boursorama Banque, Nike, Burger King ou encore Dove pour ne citer qu’eux sont remarquables.
Sur l’après, il est très difficile de se prononcer. Ce qui me semble à peu près sûr c’est qu’à défaut de prévoir l’avenir, on peut toutes et tous, à nos échelles, se poser quelques questions sur la société de demain, et les rôles de chacun.
Enfin, il me semble que cette crise laissera une trace forte chez chacun d’entre nous, de ce que nous sommes capables de faire, de surmonter. Et je crois aussi, enfin j’espère, que demain ne sera pas qu’un simple « business as usual »
Une dernière chose à nous faire partager ? Avec une dizaine de professionnels et d’experts métiers travaillant dans différentes structures nous avons lancé une initiative appelée #lesconfinésdorientation.
En quelques mots, à partir du mercredi 15 avril, nous offrons du temps aux étudiants qui le souhaitent pour échanger sur leur problématique du moment : mémoire, retour d’expérience, conseil entretien d’embauche, projet professionnel, etc.
Concrètement, nous les invitons à contacter directement via le post Linkedin le professionnel qui les intéresse en indiquant leur motivation pour cet échange. En retour, le professionnel contacté, s’engage à répondre pour organiser éventuellement un échange plus approfondi par téléphone ou visio.
Cette initiative part d’un insight très simple : en ces temps particuliers, nous avons plus que jamais besoin de garder du lien social. Et à notre niveau, il nous semblait pertinent de pouvoir (re)donner du temps et mettre à disposition nos expériences.
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