Benoît JAUVERT (ISTEC 1995) est interviewé par l'Argus de l'Assurance
« Vous me mettez dans un camping et au bout de trois jours, j’organise un tournoi de boules », s’amuse Benoît Jauvert. Une image que le patron de la Financière de l’Oxer emprunte pour mieux se décrire. Son dernier terrain de jeu : le conseil en investissement financier (CIF). Le quadra vient de faire l’acquisition de Capital Consultant, un cabinet lyonnais. Il entre ainsi dans la cour des rares asset manager à tenter cette aventure. Mais Benoît Jauvert semble ne rien faire comme tout le monde. Homme d’action, la débrouillardise et l’audace dans le sang, il trace sa route au gré des opportunités.
L’ENTRÉE EN BOURSE
« Mon père est mort quand j’avais 12 ans. J’ai appris très vite à me prendre en charge », explique-t-il, d’emblée. Sur les bancs du collège à Toulouse, l’adolescent rêve de la bourse depuis qu’il a vu le film Wall Street. Pour atteindre son Graal, il passera par la petite porte. « Quand j’étais à l’ISC, j’achetais et revendais de l’électroménager pour gagner ma vie. J’ai vendu à la DRH de Ferri Gestion toute sa cuisine et j’ai obtenu un stage », rigole-t-il. Au cours de cette expérience, il fait la connaissance de jeunes gens récemment arrivés dans la société de bourse. L’un d’entre eux est Bordelais. Et pour un Toulousain (sa famille est établie dans la Ville rose depuis quatre siècles), difficile de ne pas le chambrer. « Je lui ai expliqué qu’un Bordelais, c’est un Toulousain qu’on a jeté dans la Garonne… Toutes les blagues y sont passées », rapporte-t-il avec l’accent. Mais le lendemain, l’impertinent apprend que sa victime n’est autre que son nouveau patron. Pas du tout vexé, l’homme, séduit par la franchise du stagiaire, propose à ce dernier d’être son assistant. Benoît Jauvert devient par la suite analyste financier, vendeur puis patron des activités petites et moyennes valeurs.
À 32 ans, Benoît Jauvert se sent porté par l’entreprenariat avec la création d’une société de gestion de portefeuille. En 2006, naît la Financière de l’Oxer. Dix ans plus tard, l’équipe compte une dizaine de salariés, 406 clients et gère 195 M€ d’actifs. Un modèle assez classique, ouvert sur l’assurance. « Avant, les sociétés de gestion étaient un peu courtières et avaient un ou deux contrats d’assurance à la marge. Aujourd’hui, on est des partenaires des deux côtés : on vend nos fonds au sein des contrats et on distribue des contrats. »
DE NOUVEAUX HORIZONS
Benoît Jauvert interroge l’avenir et voit deux options officielles pour une société de gestion entrepreneuriale : « Soit on vit avec sa clientèle privée, soit on rentre dans la vente institutionnelle pour croître ». Lui dessine une troisième voie : se rapprocher des cabinets de conseil en raison des synergies possibles. « Une société de gestion est CIF de fait et notre clientèle privée est quasiment la même. Je crois à la réunion des chemins », relève-t-il. L’an passé, il s’est donc tourné vers Capital consultant et ses 125 clients. Un cabinet de conseil en gestion de patrimoine courtier qu’il a fait passer sous le statut de CIF. Et il se dit plutôt satisfait du test. « C’est assez innovant, se réjouit-il. Normalement, les cabinets se regroupent et prennent des participations dans les sociétés de gestion afin de sauver leur modèle. » Avec cette acquisition, ce père de deux garçons jongle entre Paris et Lyon, quand il ne s’adonne pas à ses deux passions, la chasse et la pêche à la mouche. Un emploi du temps pas facile à gérer pour une vie de famille. Et qui pourrait encore s’alourdir. Car Benoît Jauvert cherche à acheter un second cabinet et formule plusieurs autres désirs. « J’ai toujours plein d’idées, admet-il. Mais aujourd’hui mon vrai projet, c’est la société de gestion. Une TPE avec dix personnes et assez rémunératrice, c’est un super job. »
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